Les éclipses de lune étaient attribuées aux visites qu’Artémis (la Lune) rendait à son amant, Endymion le berger. Certains prétendaient que des magiciennes avaient le pouvoir d’attirer la Lune sur la terre, et qu’il fallait faire un grand bruit de chaudrons et autres instruments sonores pour empêcher d’entendre leurs évocations magiques.
Les éclipses solaires effrayaient également les civilisations antiques : on redoutait que le soleil disparaisse à tout jamais.
Le scientifique grec Thalès de Milet se serait libéré très tôt de la croyance mythologique des éclipses. D’après Plutarque, il avait compris la nature du phénomène : « l’éclipse de Soleil se produit quand la Lune, dont la nature est terrestre, vient se placer à l’aplomb sous lui« .
Selon Hérodote : « Lors de la sixième année, une bataille eut lieu, lors de laquelle, après que le combat eut commencé, le jour devint soudain la nuit. Et ce changement dans le jour, Thalès en avait prévenu les Ioniens. Les Lydiens et les Mèdes cependant, quand ils virent que le jour s’était transformé en nuit, cessèrent de combattre et furent résolus à faire la paix. » (La bataille de l’Éclipse, aussi connue sous le nom de bataille de l’Halys, opposa les Mèdes et les Lydiens le 28 mai – 585. Elle s’arrêta en raison d’une éclipse totale de Soleil. Elle fut perçue comme un présage indiquant que les dieux exigeaient la fin du combat.)
En -168, le tribun militaire Sulpicius Gallus est averti de la venue d’une éclipse de Lune dans la guerre contre Persée, dernier roi de Macédoine. Les Macédoniens effrayés par la disparition de la Lune sont écrasés.
Castris permunitis C- Sulpicius Gallus, tribunus militum secundae legionis, qui praetor superiore anno fuerat, consulis permissu ad contionem militibus uocatis pronuntiauit, nocte proxima, ne quis id pro portento acciperet, ab hora secunda usque ad quartam horam noctis lunam defecturam esse.
Id quia naturali ordine statis temporibus fiat, et sciri ante et praedici posse. itaque quem ad modum, quia certi solis lunaeque et ortus et occasus sint, nunc pleno orbe, nunc senescentem exiguo cornu fulgere lunam non mirarentur, ita ne obscurari quidem, cum condatur umbra terrae, trahere in prodigium debere.
Nocte, quam pridie nonas Septembres insecuta est dies, edita hora luna cum defecisset, Romanis militibus Galli sapientia prope diuina uideri; Macedonas ut triste prodigium, occasum regni perniciemque gentis portendens, mouit nec aliter uates. clamor ululatusque in castris Macedonum fuit, donec luna in suam lucem emersit. Tite Live, Ab Urbe Condita, 43
Lorsque les Romains eurent achevé leurs retranchements, C. Sulpicius Gallus, tribun militaire de la seconde légion, qui avait été préteur l’année précédente, convoqua les soldats avec l’autorisation du consul, et les prévint « de ne point regarder comme un présage l’éclipse de lune qui aurait lieu la nuit suivante, depuis la seconde heure jusqu’à la quatrième.
C’était, dit-il, un phénomène périodique et dû à des causes toutes naturelles, qu’on pouvait d’avance calculer et prédire aussi sûrement que le lever et le coucher de la lune et du soleil. Puisque les phases diverses de la lune, tantôt dans son plein, tantôt sur son déclin et réduite au simple croissant, ne leur causaient aucune surprise, ils ne devaient pas regarder comme un prodige qu’elle s’obscurcît tout à fait, quand la terre la couvrait de son ombre. »
Cette éclipse arriva à l’heure indiquée, dans la nuit qui précéda le premier jour des nones de septembre, et fit regarder, par les soldats romains, Gallus comme un sage inspiré des dieux. Les Macédoniens, au contraire, y virent un présage funeste, annonçant la ruine du royaume et l’anéantissement de leur nation. Ce prodige s’accordait d’ailleurs avec les prédictions de leurs devins. Aussi, leur camp ne cessa-t-il de retentir de cris et de hurlements, jusqu’à ce que le disque de la lune eût reparu.