Les comètes

Le passage d’une comète fut longtemps considéré comme un mauvais présage. Ces étoiles marginales, échevelées, étaient perçues comme de mauvais astres, comme des dés/astres. C’est d’ailleurs là l’étymologie de ce mot. Le terme comète quant à lui vient du grec «comès», qui signifie chevelu.
Les Grecs n’aimaient pas ces corps étrangers, qui troublaient l’ordre du cosmos. «La comète, cet astre effrayant qui renverse les puissances de la Terre, montra sa terrible chevelure.» C’est ainsi que le poète latin Lucain résume des siècles de frayeur et de superstition.

En 66, le passage d’une comète – on sait maintenant que c’était celle de Halley – causa un grand émoi dans l’entourage de Néron. Suivant les conseils de son astrologue, Babillus, il fit assassiner l’élite de la noblesse romaine pour détourner le mauvais présage.

Stella crinita, quae summis potestatibus exitium portendere uulgo putatur, per continuas noctes oriri coeperat.

Anxius ea re, ut ex Balbillo astrologo didicit, solere reges talia ostenta caede aliqua illustri expiare atque a semet in capita procerum depellere, nobilissimo cuique exitium destinauit; enimuero multo magis et quasi per iustam causam duabus coniurationibus prouulgatis, quarum prior maiorque Pisoniana Romae, posterior Viniciana Beneuenti conflata atque detecta est.

Damnatorum liberi urbe pulsi enectique ueneno aut fame; constat quosdam cum paedagogis et capsaris uno prandio pariter necatos, alios diurnum uictum prohibitos quaerere.

Suétone, Néron 36

Une comète, phénomène qui, suivant l’opinion vulgaire, annonce malheur aux souveraines puissances, avait paru pendant plusieurs nuits consécutives.

Troublé par cette apparition, il apprit de l’astrologue Balbillus que les princes avaient coutume de détourner ce funeste présage par des meurtres expiatoires, et de le faire tomber sur la tête des grands. Dès ce moment, il résolut la perte des personnes les plus illustres. La découverte de deux conjurations lui en fournit un prétexte légitime. La première et la plus importante, celle de Pison, se tramait à Rome; la seconde, celle de Vinicius, fut ourdie et découverte à Bénévent. 

Les enfants des condamnés furent chassés de Rome, et périrent par le poison ou par la faim. On sait que plusieurs furent égorgés dans un même repas avec leurs précepteurs et leurs esclaves, et que d’autres furent privés de toute nourriture.